« Comme un autre dans la ville » Un projet d’écriture collective

Un projet coopératif, c’est d’abord un défi, ce sont ensuite des actions au quotidien, mais c’est surtout un choix, une posture. Partons dans le sud de la France et voyons ce qu’il en a été à Manosque où plus d’une centaine de personnes ont un jour « écrit ensemble ». Êtes-vous prêt·e·s  ? Avez-vous pris papier et crayon ? Les valises sont-elles bouclées ?

L’histoire se passe à Manosque, une petite ville de Provence qui accueille depuis quelques années un festival cultu- rel appelé «journées de la correspondance». Une ville fière que cette initiative puisse se tenir chaque année à l’automne dans ses murs et accueillir des auteurs connus, médiatisés qui viennent présenter leurs livres récents.

Manosque est une cité qui, à côté de la bibliothèque-média- thèque « classique », a créé une bibliothèque hors-les-murs dont le but est de développer la lecture publique au plus près de ses habitants. C’est donc aussi l’histoire d’une municipalité qui, outre les actions lecture qu’elle prévoit, imagine que les habi- tants souhaitent aussi écrire, se risquent à le faire, puissent en faire l’expérience. Elle a donc contacté pour cela des formateurs susceptibles de les accompagner1 !

C’est également une affaire de coexistence entre trois concep- tions du « lirécrire » et peut-être un espoir de coopération à venir dans un environnement culturel complexe : d’un côté, un espace très médiatisé autour d’un temps fort de quelques jours, supposé susciter l’appétit de lire chez les habitants et les visiteurs de pas- sage ; d’un autre, une mise à disposition de livres dans la durée, assise sur un équipement local de qualité qui s’adresse plutôt à des habitués; enfin, un événement à l’échelle d’une année, construit autour de l’idée de lien social2 où, à travers un lir- écrire partagé, l’on cherche à décloisonner, à inclure et traverser des espaces sociaux de proximité souvent disjoints.

C’est finalement, pour moi, pour Odette Neumayer avec qui j’ai mené ce projet, un bout de mémoire que je propose ci-dessous avec le souhait de parler de coopération: d’abord en écriture, puis plus largement dans les apprentissages. Le désir de m’adres- ser aux acteurs de l’alpha et du FLE, à ceux des formations linguistiques de base, mais plus encore à tous ceux qui sont en recherche d’un lirécrire qui promouvrait une citoyenneté nourrie par un projet de création. Ce point étant à mon sens un aspect important à préserver, et plus encore à développer dans toute politique de lutte contre les discriminations, qu’elles soient liées aux origines, à la pauvreté, ou à l’école. Une politique qui se préoccupe de mentalités et d’estime de soi.

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