(Cet article est paru dans la revue Dialogue (GFEN) en 2021.)
Culture de paix, écriture et Éducation nouvelle – « Naître après »
Michel NEUMAYER
J e voudrais ici faire l’éloge d’une pensée péda gogique qui sache ne pas faire fi des complémentarités entre « petite » et « grande » histoire. Je voudrais qu’elle nourrisse une conception de « l’engagement en pédagogie », notion importante dont nous avons tant besoin, que nous pensions aux apprenant.e.s, aux formatrices et formateurs, aux enseignant.e.s.
Ce texte débute par un bref exergue qui situe l’origine de ma réflexion. Il est suivi de rapides fragments bio graphiques. Ma thèse centrale en matière d’écriture et d’émancipation est ensuite explicitée et brièvement étayée par trois exemples d’ateliers d’écriture de « culture de paix ».
L’exergue
Entendons la psychanalyste AnneLise Stern dans Le savoir déporté. « Naître, c’est naître après », dit elle. Cet « après » n’est pas seulement une affaire de chronologie et d’Histoire mais constitue paradoxalement un « jeté devant » tel que le proclament certains épistémologues récents. Ce « naître après » d’Anne Lise Stern pose certes la question centrale d’un don et d’une dette et aussi d’un engagement tourné vers l’avenir. Je défends l’idée que toute action pédagogique réincarnée, suppose que des lieux de coélaboration soient mis en place dans le but de partager ce que produit ce gouffre qui, trop souvent dans l’Histoire, met en tension et confronte « l’avant et l’après ». Je me souviens d’Édouard Glissant : «Qu’est ce donc que le langage ? Ce cri que j’ai élu ? Non ! Pas seulement le cri, mais l’absence, qui au cri palpite ».
Que faisons nous en écriture comme dans la vie de ce défi que sont les récits de savoir dont nous héritons ? Quelles leçons tirons nous en pédagogie notamment des expériences singulières narrées dans nos familles, parmi nos proches, dans nos pays et auxquelles ils ont été exposés ? En quoi, en écrivant et en faisant écrire, confortons nous cette « résistance culturelle » qu’est la proclamation du droit au récit par tous et pour tous ?
Lire le texte en intégrale, ci-dessous…