Du mythe de Sosie aux origines de la démarche « Sosie »

(Cet article est paru dans la revue Dialogue du GFEN)
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Du mythe de Sosie
aux origines de la démarche « Sosie »

Sylvie Chevillard,
Odette et Michel Neumayer

 

On connaît les amours insatiables de Jupiter, les mille et une péripéties qui ont inspiré la verve de Plaute et celle de Molière ! Bien qu’on le cite souvent, on connaît moins les détails de l’histoire de Sosie, un être au destin curieux que Jupiter instrumentalisa pour arriver à ses fins !

L’histoire de ce personnage nous replonge dans un fameux quiproquo conjugal dans lequel plusieurs personnages se substituent les uns aux autres : Jupiter, roi des Dieux se substitue au roi Amphitryon ; Mercure, messager de Jupiter à Sosie, valet d’Amphitryon ! La présence en un même lieu de personnages identiques entraîne une série de confusions et fait rire. Bien sûr, la possibilité de prendre l’apparence d’un autre est un ressort comique qui, depuis le récit mythologique jusqu’au cinéma burlesque, amuse petits et grands !  En revanche, elle pose question dès que l’on retourne chez les mortels !

Le même et l’autre, le double, le dédoublement, le trompe-l’oeil sont des figures importantes de notre imaginaire occidental. Nous traitons par ce biais des questions qui renvoient à notre identité et notre singularité : peut-on reproduire un être humain ? Pourrait-on en « cloner » la complexité au point de tromper tout le monde ? L’apparence suffit-elle à faire l’homme et l’habit, le moine ? Quelle est alors sa « vérité »  ?

En formation aussi cette question se pose. De Frankenstein[1] à Gepetto et à Sosie, ce passage par le mythe ou la parabole, permet d’aborder la relation du maître à l’élève, de traiter de questions telles que la reproduction ou la reproductibilité des êtres humains par l’éducation, l’identité et la singularité, le rapport au modèle.

Dans les 30 dernières années, le personnage de Sosie a inspiré différentes démarches ou ateliers de formation au GFEN et ailleurs. Faire retour sur un dispositif de formation qui connut son heure de gloire, évoquer cette démarche d’un point de vue historique et technique, en donner quelques amonts, en décrire les variantes, tout cela devrait nous permettre de mettre en évidence les dimensions philosophique, épistémologique, politique qui sont au cœur du concept de travail. Ainsi, dans ce numéro de Dialogue,  serait à nouveau posée la question de « l’homme producteur[2]« , interpellant les déclarations politiciennes actuelles du « travailler plus, pour gagner plus », mais pour gagner quoi ?

 

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[1] Philippe Meirieu : Frankenstein pédagogue, ESF, Collection Pratiques et enjeux pédagogiques. Paris, 1996.

[2] L’homme producteur, Autour des mutations du travail et des savoirs, ouvrage collectif sous la responsabilité d’Yves Schwartz et Daniel Faïta, Messidor, Editions sociales, Paris 1985.

Écriture et mise en patrimoine

Prendre la main sur l’évaluation »

(Cet article est paru dans la revue Dialogue N°176 – Mars 2020)

Mon intention dans cet article n’est pas d’entrer dans le détail des ateliers d’évaluation que j’ai menés. Ils sont évoqués au fur et à mesure. Mon souhait est, en matière d’évaluation, de développer un argumentaire plus anthropologique. J’entends par là que je me situe au carrefour de questions liées au regard, à l’écriture, la notion de trace, à la santé au travail, aux notions d’intelligence collective, de collectifs de travail et d’action militante. Je veux relier la question de l’évaluation à un ensemble de savoirs, de pratiques, de valeurs que l’Éducation nouvelle porte plus que jamais aujourd’hui et qu’elle a élaboré au fil de son histoire, notamment à partir des années 1980.

Si les pratiques d’évaluation scolaires de leur côté, dans leur version moderne et omniprésente du pilotage par les résultats, par les tests, les grilles, les comparaisons entre les écoles, les collèges des quartiers, les organismes de formation publics et privés, les villes, les pays sont un aspect central d’une mondialisation capitaliste qui réifie les humains, les outils pour la combattre existent ! Depuis bien plus longtemps, je crois. Certes, ils sont récusés au nom d’une supposée efficacité calculatrice. Ils sont travestis, niés, marginalisés au choix. Ils sont bien peu transmis dans les lieux de formation des nouveaux professionnels. Pourtant, ils existent !

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